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Lady Badabook

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"La servante écarlate" ou le livre de chevet des femmes engagées !

Dernière mise à jour : 12 déc. 2018





De quoi ça parle? June est devenue Defred. Comme toutes les femmes, elle a dû abandonner son identité et son passé pour devenir une servante. Une servante dont la seule utilité est de mettre au monde un nouveau-né "viable" pour les familles dirigeantes de la nouvelle république de Gilead. Son seul rôle est la reproduction. Ballottée entre l'envie de révolte et la résignation, nous la suivons à travers ses actions quotidiennes et nous découvrons peu à peu la femme qu'elle était avant, dont les souvenirs, comme planche de salut, lui permettent de ne pas sombrer...


Dis nous en plus...


Écrite par Margaret Atwood, "la servante écarlate" a été publiée en 1985. Ce livre a reçu deux distinctions dont le prix du gouverneur général section roman et nouvelles anglaises et celui Arthur C. Clark. Féministe reconnue juste et modérée, l'auteur a placé au centre de son oeuvre la disparition des droits de la femme face à une société au bord de l’extinction et face au fanatisme religieux.

Cette oeuvre parfois décriée, accusée de violence ou d'antireligieux, fait parler d'elle ces derniers temps depuis son adaptation en série télévisée.

Fortement saluée, poussant à réfléchir face à la fragile position des femmes aujourd'hui, cette dystopie, qui fête ses 33 ans, semble on ne peut plus d'actualité.


Alors lady Badabook, tu en as pensé quoi?


Une fois le livre terminé, un mélange de crainte, d'oppression et de révolte s'est installés en moi. À l'heure où les droits des femmes sont aussi fragiles qu'une coupe de cristal, "la servante écarlate" m'a laissé un goût amer en bouche. Derrière ces adjectifs plutôt pessimistes n'y voyait cependant aucune critique acerbe de l'oeuvre de ma part. J'ai adoré ce livre.

Pour nous, contemporaines, qui côtoyons depuis quelque temps, les tentatives d'oppression de la liberté des femmes, l'horreur engendrée par quelques imbéciles (utilisation d'un mot correct pour une catégorie d'individus innommables, NDLR) de fanatiques religieux et enfin la pollution qui pourrait à long terme engendrer une fertilité décroissante, l'idée que la réalité du monde de June/Defred touche notre société a fortement émergé dans mon esprit. Formidablement bien écrit, fluide et loin de l'écriture élitiste parfois présente dans de grandes œuvres, nous suivons le personnage principal en étant le destinataire de "l'histoire" qu'elle a à nous raconter. Nous partageons ces pensées indicibles sous la république de Gilead et devenons son compagnon de solitude, d'ennui, d'envie de révolte et de nostalgie. Nous cherchons avec elle les moyens de nous sortir de cette prison de l'âme, d'esprit et de corps. Nous découvrons qui elle était, nous comprenons que lorsque l'on nous prive de tous, la moindre petite chose nous manque. Et surtout nous nous interrogeons sur notre époque actuelle...

Simone de Beauvoir a dit "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devez rester vigilantes votre vie durant.". Et c'est bien la question que je me suis posée lors de mon avancée dans le livre. Que s'est-il passé? À quoi n'ont-ils pas été vigilants? Même si dans l'oeuvre la réponse reste vague, je pense que l'ignorance dans tous les sens du terme a eu pour conséquence l'arrivée de cette privation de libertés des femmes. Et l'ignorance fait aujourd'hui partie de notre quotidien. Qui n'a jamais détourné les yeux face à une situation anormale, par peur, lassitude ou lâcheté...

La question de la confiance, de l'amitié, de l'amour, face à la situation de l’héroïne renforce la terrible déshumanisation de la femme dans cette société. Que devenons-nous quand on est, quand on n'a plus rien? Que nous reste-t-il?

Certains d'entre nous peuvent rester sur leur faim car le livre n'est pas là pour apporter une solution mais pour montrer jusqu'où l'humanité peut se perdre lorsque celle-ci est en danger.

Je conclus donc en vous disant que pour moi c'est un roman à lire, relire, à garder précieusement dans un coin de sa tête de femmes (et d'homme).

À réfléchir, à s'enrichir pour que le jour de la "purge" (jour du grand bouleversement dans le livre) n'arrive jamais.


Mes trois citations


- "On ne se raconte pas une histoire à soi-même. Il y a toujours un autre. Même quand il y a personne."

- "L'ordinaire, disait tante Lydia, c'est ce à quoi vous êtes habitués. Ceci peut ne pas vous paraître ordinaire maintenant, mais cela le deviendra après un temps. Cela deviendra ordinaire."

- "Nous vivions, comme d'habitude, en ignorant. Ignorer n'est pas la même chose que l'ignorance, il faut se donner de la peine pour y arriver."


Ma note: 5/5








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