De quoi ça parle?
Marie était surement trop jeune, trop belle et trop au centre du monde lorsqu'elle mit au monde, Diane. C'est dans un climat de jalousie, d'indifférence maternelle et d'impuissance paternelle que la petite va grandir et deviendra nourrisson, enfant puis femme. Au fil de situations et de rencontres c'est l'histoire d'une femme forte mais blessée qui nous est contée ici.
Dis nous en plus...
Amélie Nothomb est une auteure Belge d'expression Française. Auteure prolifique au sujet hétéroclite, à raison d'un livre par an, elle s'inspire de son propre vécu (stupeur et tremblement, le Sabotage amoureux..), de religion, de philosophie... Écrivain aux nombreux prix,( Prix littéraire de la vocation, Prix René Fallet, grand prix du roman de l'académie française,..) elle est élue en 2015, membre de l'académie royale de langue et de littérature française de Belgique. Ces récits sont un mélange de "cruauté et d'humour qui se mêle au romantisme"(tirés d'"Anthologie de la littérature française de Belgique, entre réel et surréel" de Marc Quaghebeur) et à la beauté pure transposé dans le monde actuel. C'est un écrivain aussi admiré que critiqué, son côté un peu mystique, et son intelligence pouvant être enviée et jalousée.
Alors lady Badabook, tu en as pensé quoi?
Amélie Nothomb fut l'auteur qui accompagna ma vingtaine. Transportée par "Stupeur et tremblements", je ne la quittais plus durant des années. Pour des raisons obscures aujourd'hui, le dernier roman que je lus fut "Biographie de la faim". Je n'ai jamais été déçu par celle-ci dont les œuvres m'ont toujours "parlé". Je l'avais quitté "en bon termes" et elle garde encore aujourd'hui sa position dans mon top 5 de mes auteurs préférés. En cette nouvelle année 2019, "Frappes moi le cœur", m'attira pour ma PAL de février. Encore une fois Amélie Nothomb a su m'embarquer dans son univers!
Ce qu'il y a de magique dans ma longue pause, c'est que je quittais Amélie Nothomb avec des univers, des situations exceptionnelles et des personnages, souvent, hauts en couleur. Je m'attendais donc à replonger dans ces ambiances fantasques et édulcorées. Et je dois dire, encore une auteure qui n'est pas là où on l'attend! En effet, dans "Frappes toi le cœur", nous sommes transportés dans un environnement plus simple et quelconque, ce qui met beaucoup plus en valeur le thème fort du récit.
C'est par une courte introduction qu'Amélie Nothomb nous plonge dans l'histoire. On y découvre une jeune fille à qui tout sourit et qui devient mère. Loin cependant de la situation classique, cet évènement est très mal accueilli par ce personnage. C'est là que le thème majeur du livre rentre en scène. Nous sommes face à un instinct maternel qui ne se développe pas. L'art de mettre en scène des éléments atypiques d'Amélie Nothomb fait son entrée. Nous avons l'habitude de voir autour de nous, l'idée reçue de l'attachement maternel que cette œuvre vient casser, car il n'est pas question d'amour ici, mais bien d'instinct et d'attachement. Et bien sûr, étant maman moi-même le sujet n'a pu qu'éveiller en moi, questionnement, intérêt et par la même occasion une avidité à avancer dans l'histoire.
Sur toute la première partie de l'histoire nous assistons au déroulé des évènements à travers les yeux de la jeune mère, mais également de l'enfant, Diane, d'abord bébé puis petite fille. Lors du passage à "l'adulte" qui se fait très tôt chez ce personnage, lorsque le décor et les éléments du récit sont bien posés, nous quittons peu à peu le foyer familial pour se consacrer uniquement à Diane. Le lecteur s'émancipe de la mère quand la jeune fille se libère de cette figure maternelle néfaste.
Parlons maintenant des personnages. Comme dans chaque œuvre d'Amélie Nothomb, c'est avant tout une histoire humaine. Nous sommes face à des protagonistes simples, dans des vies que l'on pourraient croiser au détour d'une rue. Du commun avec des comportements et des situations excessifs. C'est un des points forts de ce récit, tout est dénudé, jusqu'au prénom, l'auteur nous ayant habitués à doter ceux-ci d'un caractère farfelu. Cette simplicité crée une authenticité qui ancre la narration dans le réel.
Pour ce qui est de l'écriture, malgré la réputation de grand personnage littéraire de l'auteure, nous sommes face à quelque chose de simple. Le vocabulaire est riche mais pas élitiste. Amélie Nothomb a un talent de syntaxe qui nous emporte et nous transporte. C'est une réelle poétesse de la prose. Alors que dans ces autres romans, on pouvait ne pas accrocher à ces personnages biscornus et ces situations abracadabrantes, ici, elle ne s'encombre pas de fioritures, exprime les évènements et les sentiments de la façon la plus modeste possible mais également de la façon la plus belle, la plus cruelle et la plus touchante.
Je conclurais donc cet article en vous disant que ce livre a su parler à mon cœur de femme et de mère. Au-delà du sujet Mère-Enfant, on retrouve également le thème des relations entre femmes, parfois, voir, souvent, compliquées. J'ai été devant une œuvre qui m'a plu dans son intégralité, où la construction du récit, l'histoire, les tournures de phrases, on sut satisfaire la lectrice que je suis. En un mot , Amélie Nothomb un jour, Amélie Nothomb, toujours!
Je le conseille aux mères, aux filles et à tous ceux qui aiment les belles phrases simples.
Mes 3 citations:
-"Pour instaurer son règne, la jalousie n'a aucun besoin d'un motif."
-""Une seule fois tu m'as aimé et j'ai su qu'il n'y avait rien de meilleur en ce monde. Je pensais que ce qui t'empêchait de me manifester ton amour, c'était que je sois une fille."
"Moi, je me souviens, moi, je sais que ce n'était pas un rêve, moi, je sais que la déesse est ma mère et moi, je sais qu'elle m'aime comme je l'aime et que cet amour existe."
Ma note: 4,5/5