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Lady Badabook

Bienvenue à tous les bibliophiles

J'ai toujours adoré faire part de mes coups de cœur, de mes coups de beurk et de ma passion du livres aux autres. Lady Badabook est un projet qui me tenait à cœur depuis quelques temps et je suis heureuse d'avoir l'opportunité de partager mes lectures avec une communauté de lecteurs . Explorez mon site. Bonne lecture !

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  • Photo du rédacteurladybadabook

"Chanson douce": Quand Super nanny prend un air de Main sur le berceau...



De quoi ça parle?


Tout commence par un acte innommable commis par une femme dans un appartement parisien. Par une analepse, le lecteur se verra plongé dans l'arrivée de Louise, la nounou, chez Myriam et son mari, parent de deux enfants en bas âge. De fil en aiguille, le comportement étrange et l'immixtion dans les moments les plus intimes de la nourrice, va pousser la famille dans ses retranchements... jusqu'au drame.


Dis nous en plus...


Leila Slimani est une journaliste et écrivaine franco-marocaine. Elle est éduquée à travers ces deux cultures natales. En 1999, après des études à Paris, elle obtient le diplôme de l'Institut d'études politiques de Paris et se dirige vers les cours Florent pour s'orienter vers le métier de comédienne. La jeune femme change, cependant, de voie et intègre l'ESCP Europe, afin d'être formée aux médias. Elle est repérée par le journaliste et éditorialiste Christophe Barbier, commence son apprentissage à "L'Express".

En 2008, elle intègre le magazine « Jeune Afrique » dans lequel elle s'occupe du sujet de l'Afrique du Nord, et peut, ainsi assouvir sa passion du voyage, de la rencontre et de la découverte. En 2012, elle arrête tout, décidant de se consacrer à l'écriture.

En 2013, la jeune écrivaine sort son premier roman qui passera inaperçu, souvent bouder par les maisons d'édition. Elle prend sa revanche, en 2014, avec la sortie de « Dans le jardin de l'ogre », qui évoque le thème de l'addiction sexuelle féminine. Elle est insensée par la critique, remarquée par son écriture et elle finit dans les cinq finalistes du prix de Flore.

Ce n'est que le début de la reconnaissance, puis qu’avec « Chanson douce » elle obtient le Prix Goncourt en 2016, ainsi que le prix des lectrices Elle en 2017.

Inspirée par Simone de Beauvoir, Simone Veil ou encore Virginia Woolf, elle devient une écrivaine engagée pour les femmes, et s'investit dans le victorieux combat de la dépénalisation de l'homosexualité au Maroc. C'est une femme aux multiples croisades qui sort en 2017, 3 ouvrages « Parole d'honneur », « Simone Veil, mon héroïne » et enfin l'œuvre dont le retentissement médiatique se fera fort « Sexe et mensonge: la vie sexuelle au Maroc ».

2017, l'année de consécration, Leila Slimani, est nommée "Officier des arts et des lettres" et devient la représentante personnelle d'Emmanuel Macron pour la francophonie. En 2018, sort son dernier livre en date « Comment j'écris, conversation avec Éric Fottorino », où l'écrivaine se raconte et nous présente ses mécanismes de création littéraire.


Alors lady Badabook, tu en as pensé quoi?


Encore une fois rien ne me prédisposait à la lecture de « Chanson douce » de Leila Slimani. Je n'avais jamais entendu parler de cette auteure (à croire que je vis dans une grotte, puisque m'y étant intéressée depuis, elle jouit d'une certaine notoriété, NDLR) et c'est par la bande-annonce du film, tirée de cette œuvre, sortant cette année, que j'ai découvert l'existence de celui-ci. Le hasard m'ayant souvent, pour mes lectures, mené à de belles découvertes, les avis des bookstagrammers étant aussi plutôt unanimes sur ce livre, je me le suis donc procurée et l'ai lu très rapidement. Et autant vous dire de suite, je comprends pourquoi ce livre a obtenu le prix Goncourt 2016 !


« Le bébé est mort »... Voilà la première phrase du premier chapitre de « chanson douce ». Pour ceux qui me suivent depuis quelque temps, vous n'êtes pas sans savoir que je suis maman de deux petits bouts dont une en bas âge. D'une naturelle mère louve, je vous avoue que cette première tirade m'a de suite, retourné le ventre. (Oui, dès les premiers mots, NDLR). Je lève, alors, les yeux de mon livre et me dis « non j'ai du mal lire, ou mal interpréter le sens de la phrase ». Il faut dire, que la quatrième de couverture n'annonce en RIEN la finalité gravidique de ce livre. Oui, l'on comprend que Louise, la nounou, sous ses faux airs de Super Nanny, plombe l'ambiance, voulue idéale, assez rapidement mais, sincèrement, à ce point-là, je ne m'y attendais pas. Petite précision, je ne vous spoile pas le dénouement ci-dessus, puisque nous, lecteur, nous sommes au fait dès le premier chapitre, de l'aboutissement de l'histoire. Le bébé est mort, la petite n'en a plus pour longtemps, deux femmes sont dans la pièce, l'une pleure ses enfants, l'autre est coupable de cet homicide ». Fin du chapitre. Je sais d'avance, que de ce livre, j'aurais du mal à m'en remettre.


Nous rentrons donc, dès le deuxième chapitre dans l'analepse de l'acte innommable qui a été commis.Autant vous dire que connaissant comment le récit qui commence fini, la tension du lectorat est à son comble. Sachant l'achèvement, chaque action, chaque événement, même le plus anodin, laisse planer une menace et le malaise ne fait que grandir au fil des pages. Et cela va de soi car, plus les chapitres avancent et plus l'étau se resserre vers l'inéluctable. Leila Slimani a un réel talent d'écrivaine puisqu'elle arrive à tenir le lecteur en haleine tout au long de son œuvre. Le suspense est mené avec brio et celui-ci devient même envoûtant grâce à un style d'écriture alliant un langage délié, un regard fin et une poésie noire.

Une autre particularité de ce livre, et que le lecteur connaissant la conclusion de l'histoire dès le début, il n'est plus simple spectateur mais devient alors « acteur » du récit.Chaque petit élément apporté pages après pages éveillent chez lui l'angoisse face au futur drame qui se rapproche. Si dans l'ignorance les événements seraient banals et insignifiants, ici ils se transforment, en une véritable sonnette d'alarme que l'on a envie de tirer pour pouvoir avertir les malheureux parents.


La syntaxe de l'auteur est simple et travaillée, elle a une telle maîtrise et justesse des mots, que même un lectorat débutant sera pris par le tourbillon captivant de cette œuvre. Elle a également une grande intelligence de structures de récit. En effet, afin de maintenir le lecteur accroché à son texte, elle distille, goutte à goutte, de chapitres en chapitres, les informations qui apportent les pièces de puzzle manquantes, à son dénouement.


Je suis très heureuse que cette première lecture 2020 m'ait autant emballée. La construction originale du récit ne désavantage en rien le roman mais lui apporte énormément. On comprend, que son importance n'est pas dans l'acte final, mais dans tous les petits détails qui amènent à celui-ci. Les différentes émotions sur lesquelles j'ai surfé durant l'histoire, l'angoisse permanente et l'envie de savoir m'ont fait dévorer « Chanson douce ». Ce huis clos, au travers des trois personnages centraux, dont nous ne savons pas grand-chose au final, accentue la banalité de la situation et l'effet oppressant de ce roman. Leila Slimani n’émet aucun jugement et est donc un narrateur, pourrais-je dire, semi-omniscient entretenu par la distance pudique de la narration alors que les lecteurs, eux, sont parfaitement actifs dans leurs réflexions lors de sa lecture. Un livre comme on en lit rarement, qui vous emporte dans les méandres de l'angoisse, dans lequel je me suis peu à peu retrouvée délicieusement piégée. Si la première lecture annonce la couleur de mon année à venir cela sera donc synonyme d'un grand bonheur livresque 2020 !


Mes 3 citations:


-"Sur les bancs, dans les allées discrètes, on croise ceux dont le monde ne veut plus. Ils fuient les appartements exigus, les salons tristes, les fauteuils creusés par l'inactivité et l'ennui. Ils préfèrent grelotter en plein air, le dos rond,les bras croisés. A 16h, les journées oisives paraissent interminables.C'est au milieu de l’après-midi que l'on perçoit le temps gâché, que l'on s’inquiète de la soirée à venir. A cette heure, on a honte de ne servir à rien;"


-"Cette nounou, elle l'attend comme le Sauveur, même si elle est terrorisée à l'idée de laisser ses enfants. Elle sait tout d'eux et voudrait garder ce savoir secret. Elle connaît leurs goûts, leurs manies.Elle devine immédiatement quand l'un d'eux est malade ou triste;Elle ne les a pas quittés des yeux, persuadée que personne ne pourrait ne pourrait les protéger aussi bien qu'elle."


-"Son visage est comme une mer paisible, dont personne ne pourrait soupçonner les abysses."

Ma note: 4/5
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